dimanche 8 mars 2015

BONNE JOURNÉE MESDAMES !

8 mars : Journée internationale de la femme.
 
Hormis partager une petite bouffonnerie comme l’illustration qui suit, que peut raconter un médecin sur un blog médical à ce sujet ?

 


Derrière l’humour, il y a souvent un questionnement. Se questionner fait avancer. C’est donc important de rire ! Ici, l’illustration m’amène à la question de l’égalité homme-femme. Et même si c’est mal de dire ça aujourd’hui, arrêtons de se la raconter, il y a des femmes aussi sinon plus connes que certains hommes. Voilà, boum, paf, ça commence, mal, très mal, mais un partout, égalité !
 
 
Plus sérieusement, on parle de la Journée internationale pour le droit des femmes. Dans notre pays, les femmes n’auraient-elles donc pas les mêmes droits que les hommes ? En auraient-elles moins ? En gagner permettrait-il de diminuer ces inégalités ?
 
L’égalité ? Légalité ?
 
Illégalité ? Inégalités ?
 
C’est par le prisme étroit de ma subjectivité d’homme médecin, en distillant quelques dates mêlant droit, médecine, et femmes, que je vais tenter quelques réflexions en cette occasion.

D’abord femme et médecine ?

C’est en 1875 que pour la première fois en France une femme, Madeleine Brès, devient médecin. A l’époque, comme toute femme mariée, jugée irresponsable par le droit français, elle dut obtenir le consentement de son mari pour s’inscrire à un diplôme. Inconcevable aujourd’hui, en terme de droit… Quant aux facultés de médecine elles sont désormais remplies de jeunes femmes et n’en déplaise à certains, c’est tant mieux !

Sautons un siècle plus tard. 1975, cela fait environ trente ans que le droit de vote est accordé aux femmes. Et c’est une femme non médecin qui entre dans l’histoire. Alors ministre de la santé, Simone Veil se bat pour la loi qui portera son nom, texte dépénalisant l’avortement.

Avant 1975 et la loi Veil, que se passait-il ?

Au Moyen Âge, l’avortement était considéré comme un crime puni de la peine de mort. Au XVIII ème siècle, on assouplit la peine pour l’avorteur (pas pour l’avortée…) qui risque alors vingt ans de réclusion. En 1820, le code pénal punit de réclusion les personnes qui pratiquent, aident ou subissent un avortement. Les médecins et pharmaciens sont condamnés aux travaux forcés. En 1920, la Première Guerre Mondiale a frappé, beaucoup de soldats sont morts, on observe une augmentation de la mortalité infantile, il faut relancer la natalité. Une loi est alors votée pour interdire la contraception, la propagande anticonceptionnelle et l’avortement considéré comme un crime passible de la Cour d’Assise. En 1939, des brigades policières chargées de traquer les faiseuses d’anges (avorteuses) sont créées. En 1942, l’avortement est un crime d’État puni de mort. En 1943, une avorteuse est exécutée.

Encore aujourd’hui certains souhaiteraient interdire l’Interruption Volontaire de Grossesse. Au nom des Droits de l’Homme… sur la femme ?

Droit d’étudier, droit de vote, droit à la contraception, droit d’avorter, que de droits gagnés mesdames ! Auriez-vous encore des combats à mener , d'autres défis à relever ? Pour vous libérer de quelles chaînes ? Puisqu’on parle de la Journée internationale du droit des femmes, y aurait-il des droits non respectés, non acquis ?


Il s’agit peut-être d'évoquer par exemple le droit à même rémunération que les hommes à diplôme et expérience équivalents ?
 
 
Il s’agit aussi sans aucun doute de pointer du doigt le droit de ne plus mourir sous les coups de son conjoint. Une femme meurt tous les trois jours en France suite à des violences conjugales. Je répète : une femme perd la vie tous les trois jours, aujourd'hui dimanche, la prochaine mercredi, puis samedi, mardi, vendredi, et ainsi de suite. Le calendrier de l'enfer. Silence. Tic-tac angoissant du pendule doré d'une vieille horloge aux sombres boiseries vermoulues. Compte à rebours assassin. Droite-gauche. Dernier round. Silence. Les souvenirs. Quelques gouttes de sang séché. Absence de larme dans un océan de chagrin. Crève-cœur-120 battements par minute-180-la chute infernale-40-10-dernier coup frappé-anesthésie des émotions-Silence.
Aux sombres héros de l'amer qui ont su traverser les océans du vide...
 
 
Un décès toutes les 72 heures. Un chiffre terrifiant, laissant imaginer l’ampleur du nombre de femmes qui ne meurent pas mais souffrent en silence durant des années, des décennies. Silence... La loi du silence. Le silence de la loi. L'égalité, légalité ? Illégalité, inégalités ?


Rêvons un instant qu'à travers le monde plus aucune femme ne subisse tortures, barbaries, et viols. Imaginons une minute que l’on efface les différences de droits, de traitements, de rémunérations entre hommes et femmes et que d’un coup de baguette magique tout ceci soit véritablement appliqué. Pourrait-on supprimer cette journée du 8 mars ? Y aurait-il encore des raisons de la préserver, d'autres défis à relever ?


La femme, prisonnière de l’image ?

Il est aujourd’hui impossible de vivre sans être quotidiennement intoxiqué par l’image de la femme dite « parfaite ». Fantasme de l’homme, cauchemar de la femme.

Télévision, internet, magazines, publicités, sensualité, décolleté, nudité, sexualité, gourous de la mode, impossible d’y échapper.

Quel impact sur la femme ET l’homme en devenir ? L’estime de soi ? Le respect de l'autre ? Se comparer, s’identifier, se construire, se moquer, se renfermer, se détruire…

Exemple de rencontre possible en feuilletant un magazine :




Peut-être la femme « parfaite » d'aujourd'hui? La grâce.
 
Voilà comment pouvait-être représentée la femme dans les années 1745. La grasse.



Œuvre : L'odalisque brune de François Boucher.


Dans trois siècles, ni grâce ni grasse? Plus que peau et os ?

 
Peut-être qu’il ne faudra pas attendre si longtemps car désormais, la femme « parfaite » est prise quasiment au berceau.

 

Donc oui sans aucun doute le combat a des raisons de continuer. Femmes, déchaînez-vous ! Non, c'est nul. Est-ce un combat que seules les femmes ont à mener ? L'égalité.

 
Femmes, hommes, déchaînons-nous !
Incisons d'un coup de scalpel les tentacules de cette pieuvre spirituelle !
Clouons le bec aux inquisiteurs de la plastique !
Il y eut autrefois des faiseuses d'anges, il y a aujourd'hui des faiseurs d'anorexiques.
Et que penser de ceux qui gonflent leurs bourses sans scrupule en vendant des strings à des gamines de dix ans ? Est-ce vraiment ce genre de société que l'on souhaite pour nos enfants, futurs adultes ?
Soyons tous conscients que certains jouent aux fléchettes sur la cible de notre inconscient, en plein dans le mille.

 
Détendons légèrement l'atmosphère en chapardant quelques paroles pour chanter :
 
"Être une femme libérée, tu sais c’est pas si facile"
 
"Femmes, je vous AIIIme !"
 
La musique adoucirait les mœurs. Si elle ne réussit pas, la brigade veille.
Les mots. Le silence.
La violence des mots. Les mots-la libération-la liberté.
La douceur du silence. L'angoisse-un silence de mort.
Le jour-la nuit. Le blanc-le noir. Le méchant-le gentil. C'est tellement plus simple de lire la vie ainsi.
 
Ainsi, par le prisme étroit de sa subjectivité, tantôt ami de femmes, tantôt ennemi, soignant, blessant, toujours amoureux d'une femme, sa femme, parfois agacé par les propos et comportements de femmes, souvent atterré par l’extrémisme de certaines féministes en même temps qu'il admire le combat d'autres, voilà ce que peut raconter, questionner, chanter, improviser, blablater un homme médecin sur un blog médical en ce 8 mars 2015.
 

Bonne journée et même excellente journée Mesdames !