dimanche 28 avril 2013

Ce soir-là, j'ai été le roi des losers

J'avais envisagé relater un jour l'histoire qui va suivre mais c'est ce billet de Farfadoc ainsi que cette initiative intéressante du blog Retour d'EXpérience (négative) de soignants qui m'ont poussé à le faire plus tôt que prévu. Personnellement, je trouve que l'humilité n'est pas monnaie courante dans le milieu médical et tu rencontres plus souvent des médecins se glorifiant de leurs "beaux" diagnostics que de leurs erreurs. Tu peux entendre par exemple : "Lui, je lui ai trouvé un bel infarct", ou encore "Mme Lassis à la 34, mais si tu sais, Rose de son prénom, on la reçoit régulièrement dans le service, tu verrais la belle hépatomégalie (gros foie) qu'elle se tape ! On va voir ce que donne le scan, mais à mon avis elle a un beau cancer maintenant", voire pire "L'autre jour avec le SAMU, je suis sorti sur un beau crash sur l'autoroute !". J'ai toujours trouvé étonnant de qualifier tout cela de "beau". En revanche, j'ai rarement entendu :"Hier, je me suis vraiment bien planté, oui c'était même une sacrée belle plantade, j'ai été un gros naze, je vais te raconter ça". Pourtant, le partage de nos erreurs serait probablement beaucoup plus utile et instructif que nos "magnifiques" diagnostics. Alors voilà ce qui m'est arrivé ce soir-là où j'ai été le roi des losers. Je n'en suis pas très fier, mais ça m'a servi, et peut-être que ça pourra servir à d'autres. Maintenant que j'ai franchi l'entrée du confessionnal, je te remercie par avance de ne pas m'interrompre, sinon il n'est pas dit que je te dévoile la fin de cette histoire. Merci.
 
 
 
 
Ce soir-là, je suis de garde dans une maison médicale, structure libérale de permanence des soins. Les patients me sont adressés soit par le médecin régulateur du SAMU, soit par le service des urgences situé à quelques centaines de mètres de l'autre côté de la rue. Ce n'est pas l'affluence incroyable, mais les patients arrivent régulièrement et j'enchaîne les consultations que l'on peut qualifier de semi-urgentes. Il commence à se faire un peu tard. Je m'efforce de dissimuler mes bâillements, de rester concentré, vivement la fin de garde. Avant de te recevoir toi, la consultation que je viens de terminer m'a passablement irrité. C'est un grand dadet d'une vingtaine d'années orienté par le régulateur du 15 qui m'a tiré de mon pré-sommeil. Il s'est assis en face de moi puis m'a expliqué son inquiétude. J'ai eu un peu de mal à le croire mais j'ai rapidement dû admettre l'évidence lorsqu'il s'est déchaussé, qu'il a délicatement enlevé sa chaussette rouge et jaune à petits pois puis levé sa jambe pour que j'examine sa plante de pied. Oui c'était bien ça.... Bien sûr, dans ma tête, j'ai d'abord pourri la régulation de m'avoir adressé une verrue plantaire un soir de garde. Puis après plusieurs minutes de vociférations internes, je me suis repris en me disant qu'on ne sait jamais comment les patients présentent les choses au médecin régulateur donc méfiance. J'avoue m'être aussi dit que finalement c'était une consultation bien rentable pour moi... J'avoue même que cela a contribué à me calmer en partie. Je ne veux me trouver aucune excuse mais voilà le contexte dans lequel j'étais juste avant de te recevoir, ce soir-là où j'ai été le roi des losers.
 
Ta mère te tient par la main. Elle est voilée et je remarque rapidement qu'elle parle la langue de Molière avec beaucoup de difficultés. Toi, tu as quatre ou cinq ans. Tu arrives sur tes deux pieds. Tu rentres à reculons comme beaucoup d'enfants. Mais tu m'as l'air d'être en forme, je sais du premier coup d'œil que tu n'as rien de bien grave. C'est d'ailleurs souvent comme ça en pédiatrie, on se fait vite une idée sur ce qui est grave ou non. Ta mère s'installe timidement, et je commence à l'interroger. Je sens que la barrière de la langue va me rendre la tâche compliquée. Toi, assis sur ses genoux, tu m'observes calmement, sans broncher. Ton nez coule un peu, tu toussotes, tu n'as pas de fièvre. Puisque l'interrogatoire de ta maman est peu contributif, que tu me sembles en bonne forme, je passe sans plus attendre à ton examen clinique, très rapidement, très sommairement. Tout va bien, tu vas tranquillement rentrer dormir chez toi, et surtout moi aussi j'ai envie de rentrer dormir. Mais ta maman ne semble pas satisfaite. Elle réussit à vaincre sa timidité pour se forcer à prononcer quelques mots français de façon totalement compréhensible. Elle m'interpelle en te désignant et dit :"poids, beaucoup poids". Effectivement pour ton âge, tu es bien enrobé comme on dit poliment pour ne pas froisser. A cet instant-là, mon seul réflexe est de repenser au régulateur  et à cette verrue plantaire. Et maintenant, un problème d'obésité, comme ça, en garde, à cette heure-là ! Non mais faut pas déconner ! Je suis conscient que l'obésité est un problème de santé publique, mais au point de s'occuper de ça un soir de garde, doucement les gars ! Calmos ! Bon, je jette un œil sur ta courbe de poids à la fin de ton carnet de santé et effectivement tu te défends bien. Même très bien. Pire, par rapport à la dernière fois où ton médecin traitant t'a pesé, c'était il y a peu, tu as vraiment pris pas mal de poids. C'est impossible, il doit y avoir erreur et puis, c'est pas la même balance. Hein, on l'a fait souvent celle-là ! Mais bon, comme un bon grand docteur, je m'adresse à ta mère en lui conseillant sur un ton très ironique et pédant qu'il faudrait faire attention et peut-être se calmer un peu sur le couscous. "Hein maman, pas trop de couscous pour le petit, c'est pas bon pour son poids le couscous, il faudra revoir ça avec le médecin traitant d'accord ? C'est compris ? Faut aller voir ton toubib pour le poids du petit, pour qu'il garde la bès OK ? " Quel loser j'ai été ce soir-là... Mais je ne le sais pas encore. Alors tu repars, mon petit mangeur de couscous avec ta maman voilée qui s'inquiète de ton poids tard le soir alors qu'elle a toutes les journées de la semaine pour le faire... Et moi ma garde se termine, je vais enfin pouvoir rentrer me coucher sans penser une seule seconde que j'entendrai parler de toi quelques jours plus tard.
 
Quelques jours plus tard, je dîne avec ma femme, médecin elle aussi.
- Au fait, t'aurais pas vu un petit untel l'autre soir à ta garde ?
- Non, pourquoi ?
- T'es sûr ? Il y avait ton tampon sur son carnet de santé. Je l'ai vu aujourd'hui en consultation, le Dr Néphron que je remplace est son médecin traitant.
- Ah oui, si si j'y suis, un petit maghrébin ? Tu parles, la maman est venue parce que le petit est gros. Ben oui, il est gros, mais j'allais pas m'occuper de ça en garde. Elle a dû se rendre aux urgences avec le petit et eux pour se couvrir, comme ils n'ont jamais les couilles de dire d'attendre le lendemain pour aller chez le médecin traitant, ils n'ont rien trouvé de mieux que de l'orienter sur la maison médicale, voilà tout. Pas de quoi en faire un fromage.
- Ben, t'as vu le poids qu'il a pris en si peu de temps ?
- Ouais, pas la même balance, il y avait certainement une erreur.
- Ecoute, je lui ai fait une bandelette urinaire, il avait beaucoup de protéines dans les urines, alors je l'ai adressé en pédiatrie. On m'a confirmé que ce petit garçon a un syndrome néphrotique (1)...
 
Voilà pourquoi ce soir-là, j'ai été un vrai loser pour ce petit et cette maman. Et les jours suivants, même si c'est beaucoup moins grave, je l'ai probablement été aux yeux de tout un service de pédiatrie. J'ai en revanche eu la chance d'avoir une épouse indulgente. Tout médecin passe un jour ou l'autre à côté d'un diagnostic, il faut en être conscient et s'y préparer, un médecin n'est qu'un homme. Mais ce soir-là je n'ai pas fait que cela. J'ai également eu une attitude et tenu des propos que l'on peut qualifier de "limites", avec une certaine connotation nauséabonde.  J'ai pris cette maman de haut, moi Monsieur le Docteur, elle la petite femme voilée. Dans le serment d'Hippocrate, il y a cette phrase :"Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions." L'ai-je respectée à la lettre ce soir-là ? Aurais-je eu le même comportement avec le fils du notaire ou d'un confrère ? Je préfère ne pas répondre et te laisse le soin d'en juger. Pire, je serai probablement un récidiviste dans un autre contexte, d'une autre façon, je l'ai même sûrement déjà été avec d'autres. Un médecin n'est qu'un homme avec ses failles et ses moments de faiblesses. C'est le seul argument que j'ai trouvé pour me rassurer. Pour conclure, lorsque je relis ce billet pour en éliminer les fautes, tenter d'en améliorer le style, je le trouve beau, même magnifique. Je te prouve ainsi que l'humilité n'est pas monnaie courante chez les médecins... Je t'avais prévenu.
 
(1) Le syndrome néphrotique est une pathologie rénale. Les reins n'assurent plus correctement leur rôle de filtre du sang et laissent échapper des protéines dans les urines. Il en découle la formation  d'œdèmes. Le petit garçon de cette histoire était effectivement en surpoids, mais sa prise de poids récente et rapide résultait de la formation d'œdèmes liée à ce syndrome. Il suffisait de prendre en compte les quelques mots de cette maman, de palper la peau de cet enfant, puis de pratiquer une simple bandelette urinaire pour en faire le diagnostic.
 


mercredi 24 avril 2013

Le PSA ?

A la fin de mon précédent post "Manifeste pour un big bang sanitaire", je te promettais une p'tite chanson sur le PSA sur l'air de "Qui a le droit" de Bruel, morceau que j'adorerais voir fredonner par le Dr Michel Cymes. Avant cela j'aimerais apporter une précision concernant ce précédent post qui semble avoir amusé certains et qui a même eu droit à ses quelques minutes de gloire sur la planète Twitter. Je tiens à dire que je ne connais pas personnellement les différents protagonistes de mon Big Bang. Mon objectif n'était pas de leur cirer les pompes gratos, faut pas déconner ! Surtout celui que j'ai qualifié de "beau", ça se trouve, il fait partie de la clique Lehman Brothers, alors imagine le tableau s'il prenait la tête de la sécu. Non, j'déconne. Je voulais surtout démontrer que dans ce pays, on a des mecs (et des meufs bien sûr : Jaddo, derrière ton pseudo t'es bien une nana n'est-ce pas ? Non mais parce que des fois t'as des réflexions de mec) donc on a des mecs et des nanas qui tiennent carrément la route de part leurs expériences, leurs compétences et leurs visions des choses pour améliorer notre système de santé. Il est donc bien dommage de se priver de ce vivier (Marysol, si pendant une de tes rares pauses café tu tombes par hasard sur ce post...)  Voilà, c'est dit.

 
 
Désormais, chose promise, chose due, on va se retrouver autour d'une chansonnette sur le PSA. Le sujet semble encore controversé, alors comme il paraît que la musique adoucit les mœurs, et comme le chante Monsieur Magnifique Sourire (MS) :"C'est tellement plus mignon, de se faire traiter de con, en chanson"... Tu vois il y a des phrases qui reviennent en boucle facilement comme ça dans la tête et qui t'accompagnent pour le reste de la journée sans que tu le veuilles. Même si tu l'aimes pas ( j'l'ai pas choisi par goût mais pour son côté grave et mélancolique), j'espère que t'as révisé l'air de "Qui a le droit" et que le refrain de ma chanson te reviendra en boucle, tu comprendras pourquoi. Pour ceux qui ne le savent pas, le PSA est un marqueur dosé par une simple prise de sang parfois (encore trop souvent) proposée pour dépister un éventuel cancer de la prostate (j'essaie de la faire courte et simple mais pour les non-médecins et ceux qui ne connaissent vraiment pas comment ils sont faits, ça ne concerne que les mecs cette histoire, mais leurs femmes peuvent être intéressées quand même par la question, si, si...). Quand j'étais petit, en 4 ou 5ème année de médecine, un Professeur (un chic type, comme ça m'arrive de critiquer parfois les PUPH, je dois reconnaître qu'il y a aussi de vrais chouettes types parmi eux) nous avait enseigné que ce dosage de PSA devait se faire systématiquement chez tout homme à partir de 50 ans. C'était il y a plusieurs années. A cette époque la  HAS s'appelait encore l'ANAES et je ne sais pas ce qu'elle recommandait. Mais surtout, je ne savais même pas qu'elle existait (oui, je sais c'est incroyable, mais il est possible d'atteindre la 5ème année de médecine, et même plus encore, sans avoir entendu parler de cette instance, mais puisque le Prof le dit, ça peut pas être autrement...). Bref, ce qui est certain, c'est que même si des pros se tâtent encore (t'as remarqué le jeu de mots j'espère, il est pas de moi, je l'ai piqué), c'est que ce que disait ce prof à l'époque n'est plus vrai, et que si on te propose ce dosage, fais gaffe. Plutôt que d'aller lire des articles indigestes sur la question, je te propose une chanson, le message passera peut-être plus facilement (le refrain te reviendra en boucle tu vas voir). Allez, on remonte bien notre froc, on boucle notre ceinture, on se tient bien droit, menton relevé, on serre les fesses et magnéto Serge :
 
 
 
Je m'étais dit : "Te pose pas trop d'questions
Tu sais les pontes, ils ont la solution
A quoi ça sert de vouloir tout savoir
Regarde les faire, y'a personne d'autre à croire"

 
A cinquante berges, tout roulait bien pour toi
Jusqu'au jour où, t'as r'çu ton PSA
Un doigt dans l'derche, visite chez l'couillologue
Prostate en moins, au pieu y'a plus personne
 
 
Refrain:
 
Le PSA, le PSA
Faut pas l'doser comme ça
A un brave gars, qui pisse loin d'vant
Sans qu'ça prenne trop d'temps
Tu passes tes nuits, à faire pipi
Pipi au lit tout l'temps
Mon pauvre ami, je te comprends
Tu trouves qu'ta vie, était mieux avant
 
 
 
On t'avait dit : "Les docs sont tous les mêmes
Des pompes à fric, ta vie c'est pas leur problème"
Oui mais quand même, le chir c'est pas pareil
Si il t'opère, c'est qu'y a plus qu'ça à faire
 
 
Et moi aussi, j'pensais avoir tout compris
Sur l'dépistage, tu parles... beaucoup d'conneries
Alors maintenant, on s'retrouve sur la route
Ta prostate en moins, nos têtes remplies de doutes
 
 
Refrain:

Le PSA, le PSA
Faut pas l'doser comme ça
A un brave gars, qui pisse loin d'vant
Sans qu'ça prenne trop d'temps
Tu passes tes nuits, à faire pipi
Pipi au lit  tout l'temps
Mon pauvre ami, je te comprends
Tu trouves qu'ta vie, était mieux avant

 
Le PSA, le PSA
Faut pas l'doser comme ça
A un brave gars, qui pisse loin d'vant
Sans qu'ça prenne trop d'temps
Tu passes tes nuits, à faire pipi
Pipi au lit tout l'temps
Mon pauvre ami, je te comprends
Je crois franchement qu'c'est pas marrant
 
 
Fin
 
 
 Attends, attends, avant de partir, regarde, on aurait même pu faire un medley:
 
 
J'sais bien j'te l'ai d'jà dit
Mais j'te l'dis quand même
 
 

Michel si tu m'entends... Je sais que tu sais chanter, je t'ai vu le faire à la télé. Alors pousse la chansonnette, ne passe pas à un doigt d'un bel acte de santé publique, toi à la téloche, on t'écoute... Allez Michel chiche ?




mercredi 17 avril 2013

Manifeste pour un big bang sanitaire ?

A la fin de mon précédent post sur Ces médecins qui nous gouvernent , je te proposais d'aller faire de beaux rêves. J'espère qu'au moins tu n'as pas fait de cauchemar. Après toute cette histoire, tu t'es peut-être dit qu'il serait bon de ne pas laisser ces médecins accéder au pouvoir. Oui mais alors, que faire des journalistes, des avocats, des juges, etc. ? Tu te vois laisser le pays entre les mains d'une administration ? Moi pas, franchement pas. Malgré ses imperfections, je préfère sans hésiter notre système actuel, même avec certains ministres voyous. Non le problème ne vient pas de la fonction de médecin, mais de la personnalité de la majeure partie de ceux qui se sont succédé jusqu'à ce jour dans les différents ministères. Ce sont presque tous des clones. Il est temps que le vent souffle ailleurs non ?  Au moins pour essayer, ça coûte rien. Moi après mon précédent post,  j'ai fait un rêve éveillé, un rêve dans lequel un autre type de médecins accédait aux postes de décisions pour l'avenir de notre système de santé. Au départ c'était un rêve assez flou. Puis très vite il s'est éclairci, éclairci et éclairci encore, jusqu'à m'éblouir et créer un véritable big bang. Voici ce qui est né de cette explosion :


1) Le ministère de la santé : ce grand ministère s'organise autour de 3 pôles : 1 dédié à la santé publique, à la prévention et à l'éducation à la santé, 1 second dédié aux soins ambulatoires, et enfin le 3ème dédié aux soins hospitaliers. Les clés de ce grand ministère sont confiées au Dr Dominique Dupagne . C'est la première fois qu'un médecin généraliste occupe ce poste (Aïe, j'entends déjà des dents grincer, mais c'est mon rêve et mon blog alors je fais ce que je veux !). La déclinaison de cette organisation se retrouve au sein de chaque ARS (maintenant qu'elles sont là, faut bien en faire quelque chose). Les postes de Directeurs d'ARS sont supprimés, et remplacés par des Responsables (et ouais, tout de suite le mot sonne autrement, attention c'est pas pareil, ça pèse sur les épaules...). Les Responsables d'ARS ne sont plus nommés. Ce n'est plus un petit casting entre amis avec le chef de l'Etat, mais ils sont élus parmi des candidats issus du terrain sanitaire. Pour la première fois, de jeunes pousses se voient confier de hautes responsabilités. Parmi les nouveaux Responsables d'ARS élus, on retrouve le Dr Borée (oui Borée, t'es encore jeune et ce pour longtemps), ou encore le Dr Jaddo. Chaque Responsable d'ARS se doit de travailler en étroite collaboration avec tous les professionnels de terrain du champs sanitaire. Le ministre les reçoit régulièrement pour être tenu au courant des avancées et difficultés rencontrées, et c'est bien beau d'être au courant, mais de plus, ensemble ils tâcheront de résoudre les problèmes.

2) Création du ministère des droits de la Femme, de l'Enfant, et de l'Homme, des Affaires Sociales et de l'Ethique. Ben ouais, ça aussi c'est la santé, et ça ferait trop de boulot au seul ministre de la santé qu'est déjà sous perf de paracétamol avec tous les maux de tête que ça lui donne ce challenge. Ce nouveau ministère est confié aux bons soins de  Mr Martin Winckler. Tu dois te dire, tiens, il n'a pas mis un médecin à ce poste. Perdu. Tu connais Dr Jekkyl et Mr Hyde, alors je te présente Dr Zaffran et Mr Winckler. Je sais pas trop ce qu'il ferait exactement, mais je trouve que ça lui irait bien et que ça aurait de la gueule. Voilà, c'est déjà pas mal non ? Et c'est tout pour les ministres, ça ne ferait que 2 toubibs au gouvernement, ça suffit amplement. Et impossible pour eux contrairement à certains de leurs prédécesseurs d'être promus ailleurs en cas de manquement à leurs fonctions...

3) La Caisse Nationale d'Assurance Maladie ou Miss Améli pour les intimes : après plusieurs années de sévices, exit Mr Frédérique Van Roekeghem (je sais ça fait mal aux oreilles et je suis pas sûr de l'orthographe) qui laisse son siège au Dr Christian Lehmann. Le nouveau directeur aura pour principale mission de redonner ses lettres de noblesses à notre belle sécurité sociale. Je sais tu vas me dire "mais y a plus d'sous". Et moi j'te réponds "mon œil" ou encore "et ta sœur". Pourquoi Fredo serait-il remplacé par Chricri ? Parce que Chricri a une bonne tête, bien remplie, il parle bien, il écrit bien, parce que son nom est plus facile à dire, et en plus il est beau. Ouais, finalement, c'est le genre de type qu'a tout pour lui, ça m'agace un peu ça, le mec que t'aime pas trop voir rôder autour de la nana que tu courtises, donc autant qu'il soit enfermé dans un beau bureau à la sécu. Voilà une raison supplémentaire ! Bon plus sérieusement, va lire un peu son blog et tu verras que ça ferait du bien un mec comme ça à la sécu, même si lui je pense que ça le gonflerait. Dans mon rêve, le directeur de la Sécu travaille étroitement avec le ministre de la santé et celui des droits de la Femme, de l'Enfant, ainsi de suite. Il renoue aussi un véritable dialogue constructif avec les acteurs de la santé, syndiqués ou pas, âgés ou pas...

4) La Haute Autorité de Santé (HAS): fusion des équipes de la revue Prescrire et du Formindep pour une direction collégiale de l'institution en charge des recommandations professionnelles. Elle aura également le rôle d'attribuer le label Qualité et Intérêt du patient aux diverses sociétés savantes de type Société Française d'Urologie, de Gynécologie, de Médecine Générale, etc. Les sociétés respectant et signant une charte prouvant leur totale indépendance par rapport à l'industrie pharmaceutique seront automatiquement labellisées, les autres subsisteront mais leurs recommandations seront ce qu'elles seront...

5) Suppression du statut de PU-PH, aïe, aïe, aïe, là je sais, c'est un peu raide. Le système archaïque, quasi féodal, n'a plus lieu d'être en 2013. C'est même incroyable qu'il ait vécu si longtemps. Création du statut unique de Médecin Praticien pour tous les médecins hospitaliers, libéraux, généralistes, spécialistes, scolaires, de prévention, etc. Les Médecins Praticiens généralistes exerçant en ambulatoire peuvent choisir leur statut (exercice libéral ou salarié) comme leurs confrères spécialistes. Ils étaient jusqu'à maintenant les seuls à ne pas avoir le choix de leur statut sauf s'ils décidaient de rester à l'hôpital, mais ne faisaient alors plus  de médecine générale de 1er recours. Le passage entre les différents modes d'exercice est facilité.

6) L'enseignement de la médecine : on pourrait en écrire un bouquin. Pour faire court, il est dispensé par des Médecins Praticiens (mais pas que) qui ont le goût et l'envie d'enseigner, ainsi qu'une formation adaptée. Renforcement du tutorat entre médecins enseignants et médecins en devenir. Les 6 années de faculté sont réduites à 5 (avec toutes ces matières à la con qui font bien sur le papier ou ne servent qu'à justifier le salaire du prof qui ne vient pas faire le cours lui-même, ainsi que toutes ces heures de secrétariat lors des stages hospitaliers, c'est pas trop dur de sucrer une année de fac...). En revanche, l'internat est allongé d'une année (ce qui au final fait le même nombre d'années d'études). La moitié d'une promotion de carabins étant vouée à exercer la médecine générale, réelle entrée de l'enseignement de cette matière dès les 1ères années d'études, en veillant à ce que les enseignants généralistes ne calquent pas les défauts des PUPH...

7) Grand ménage dans les publications d'articles. On arrête de publier au point d'emboliser les esprits et de devoir se former à la lecture critique d'article. Comme il n'y a plus de PUPH, ça ne sert à plus rien de publier des conneries juste pour avoir son nom au milieu d'une liste de médecins dont certains n'ont mis que les virgules et les points... et espérer ainsi avoir un poste uniquement parce qu'on a publié X articles à la con.

Voilà, il est l'heure, l'heure de se réveiller. Dommage. Je sais, tout cela était un drôle de rêve, et tu dois te dire "Mais de quoi il se mêle celui-là ?". Mais tu n'étais pas obligé de lire. Bref, pour me faire pardonner, la prochaine fois je te chanterai une chanson. La mélodie n'est pas de moi mais de Bruel, tu connais sûrement "Qui a le droit ". Sur l'air de cette chanson, je te chanterai "Le PSA". Tu sais chez les femmes, il y a la mammo, et les mecs eux, c'est avec le PSA qu'on les fait chier, quoi, que certains médecins les font chier. Je verrais bien le Dr Michel Cymes fredonner la chansonnette un des ces jours. Why not ? En attendant, réécoute la mélodie de Qui a le droit ? Relis les recommandations sur le dosage du PSA, et rendez-vous sur la Place des Grands Hommes si tu le veux bien, bien évidemment.

vendredi 12 avril 2013

Ces médecins qui nous gouvernent ?

Je vais te raconter ici l'histoire de ces médecins qui nous gouvernent ou qui ont gouverné. Avant cela, je te rappelle comme je l'ai fait dans la présentation de ce blog que je n'ai aucune compétence ni légitimité particulière. Je ne fais qu'observer, chercher rapidement quelques infos ici ou là, et je construis à partir de cela mon histoire. D'autres pourront t'en raconter d'autres, mais voici celle que je souhaite partager avec toi. Bonne lecture.


  
 
Le monde de la santé est un vaste empire avec ses nobles seigneurs (ou saigneurs ça marche aussi), ses indispensables financeurs, ses gros fournisseurs, et ses fidèles serviteurs. Moi, comme les autres soignants (lis bien soignants et pas médecins, j'y tiens), je fais partie des petits bras, des serviteurs plus ou moins fidèles. Et je dois bien avouer que dans ce vaste empire, je me sens parfois un peu perdu, comme une brebis égarée. Alors pour m'y retrouver un peu, je me suis dit pourquoi ne pas aller voir ce qui se passe là-haut chez les grands de ce monde qui décident, il doit bien y avoir quelques bergers pour regrouper ces brebis égarées et parmi eux, il doit bien y avoir un ou deux médecins. Ceux-là je devrais les comprendre, on a appris le même dialecte. Alors je suis allé voir, et j'ai compris en partie... Pour être plus clair, vouloir te parler de ces médecins qui nous gouvernent, c'est tenter de te parler de ces médecins qui trainent leurs cravates dans les couloirs des ministères, ou de l'assemblée nationale. C'est pas si facile que cela de raconter cette histoire, car finalement, ils sont plus nombreux que je le pensais, et j'ai mis du temps à choisir par lequel commencer. Heureusement pour moi, un d'entre eux s'est détaché du lot pour me faciliter la tâche. Tu vas dire que je m'acharne car j'ai déjà parlé de lui dans mon dernier post. Non, pas du tout, je ne suis pas vraiment pour l'acharnement thérapeutique et il ne s'agissait que d'une lettre tout à fait confraternelle à laquelle il ne m'a pas encore répondu. Oui, tu as deviné, je vais juste ajouter quelques mots au sujet du Dr Jérôme Cahuzac, chirurgien esthétique, et ministre du budget de la France il y a encore quelques semaines de cela. Que se passait-il 25 ans avant J-C ? Notre ami JC trainait déjà dans un ministère, pas celui du budget, mais celui de la santé. Oui, Mr Claude Evin était ministre de la santé et notre petit JC était le Monsieur Médicament du ministre. En gros, c'est avec lui que "commerçaient" tous les grands responsables des laboratoires pharmaceutiques pour vendre et fixer les prix de leur camelote. Pour résumer le cas Cahuzac, voici un médecin qui s'est fait des couilles en or à la tête d'une clinique spécialisée dans la greffe capillaire, un véritable enjeu de santé publique... Il s'est ensuite fait un joli petit carnet d'adresses au ministère de la santé où il s'est fait arroser d'argent par l'industrie pharmaceutique. Et vu sa grande capacité à parfaitement gérer son argent, on comprend qu'il ait été nommé ministre du budget. Avec ses jolis tours de passe-passe, on aurait bien dû le laisser à ce poste, il nous aurait sortis de la merde lui au moins. Bon passons sur le cas Cahuzac en espérant que ses 2 autres consœurs du gouvernement actuel ne se soient jamais vautrées dans de telles histoires. Oui, il reste encore 2 médecins dans le gouvernement Ayrault, ils étaient donc 3 à officier. La profession est "bien" représentée (plus que celle des loueurs de planches à voile ou des vendeurs de nougats sur les fêtes foraines en tout cas). Ainsi, notre ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie est le Dr Michèle Delaunay, dermatologue et cancérologue (une seule spécialité c'est trop facile, deux c'est mieux...). Et notre ministre des sports, le Dr Valérie Fourneyron, est médecin du ..... à ton avis ? C'est trop facile tu vas voir... médecin du sport, voyons, t'aurais pu deviner tout seul franchement. Bon sur mes 2 consœurs Michou et Valou, j'ai pas bien grand chose à dire, faut dire que JC leur a sacrément volé la vedette le chenapan.  On va donc passer à nos autres médecins qui ont été ministres. Je vais te parler de Bernard Kouchner, celui-là tout le monde le connaît. Malgré ses initiales, le Dr BK n'est pas spécialiste de la tuberculose mais gastroentérologue. Il a été co-fondateur de Médecin Sans Frontières, puis de Médecins du Monde. Il a également réussi l'incroyable prouesse d'être ministre sous 3 Présidents : Mitterrand, Chirac, et Sarkozy. Quel parcours ! Mais je pense sincèrement qu'il s'en arrêtera là. Il a bien évidemment été ministre de la santé mais pas que. Il a aussi officié aux affaires étrangères. Avec toutes ces réunions de constipés, on peut imaginer que notre French Doctor gastroentérologue a parfois réussi à détendre l'atmosphère en décrispant ses homologues. En parlant de gens crispés, me vient le visage du Dr Philippe Douste-Blazy. En voilà encore un de ministre médecin. Douste est un cardiologue, professeur s'il vous plaît, qui est passé à la Culture, aux Affaires Etrangères, et à la Santé tout de même. Bien que né à et ancien maire de Lourdes, je ne l'ai jamais vu accomplir de miracles. Et surtout, du passage de sa fine silhouette et de sa mèche rebelle au ministère de la santé est née la tarification à l'activité à l'hôpital public. Merci Mr le Professeur Douste ! Autre Professeur de médecine passé au ministère de la santé, le Dr Jean-François Mattei, pédiatre et généticien. Encore une tête quoi, pas un petit médecin de merde style généraliste de cambrousse. C'est vrai, un Professeur de pédiatrie, généticien, ça a de la gueule franchement, ça cause ! Dis-moi pas que tu ne le connais pas, c'est pas possible. Je vais te rafraîchir la mémoire, voire te rafraîchir tout court. Alors tu trouves, tu le remets le père Mattei ?  2003, ça y est ? Ta mémoire est plus fraiche ? La canicule, tu sais bien. Le Professeur Mattei s'est fait un nom en gérant somptueusement la canicule de 2003. Tu vas me dire, un pédiatre il n'en a rien à foutre des vieux ! Il a des circonstances atténuantes. Ce qui est certain, c'est que malgré tout, Jean-François est membre de l'académie de médecine... donc donneur de leçons aux autres médecins, et Président de la Croix-Rouge, belle promotion non ? Un petit dernier pour la route ? On se coltine encore un ministre médecin avant de passer à quelques députés ?  Dans la famille Debré, je voudrais... Jean-Louis, non, Michel, non merde alors, ah oui, c'est Bernard qu'il me manque. Tu connais Bernard Debré ? Son frère s'appelle Jean-Louis, il est ancien ministre, et actuel président du Conseil Constitutionnel, trop de la balle non ? Son père, c'est Michel, ancien premier ministre de de Gaulle, ça te les coupe hein ? Et c'est pas fini, son grand-père, c'est Robert, tu sais le grand hôpital, Robert Debré tu connais, il était pédiatre. Alors Bernard aussi il est connu. Il est professeur d'urologie. Dans son service est passé un célèbre Président qui connut quelques soucis de prostate mais chut... secret médical. L'ami Debré Bernard a été ministre de Balladur sous le Président Mitterrand. Il est actuellement député. Je ne sais pas si tu sais, mais un professeur de médecine a une triple mission : celle de médecin, celle d'enseignant, et celle de chercheur. Tu vois, c'est pas grand chose, alors pour s'occuper un peu, un professeur ça devient en plus député voire ministre. Et l'ami Bernard, comme il est vraiment trop fort, et qu'il a vraiment une grande gu.... , alors tu le vois à la téloche,  et tu l'entends à la radio. Et au cas où tu le loupes au bloc opératoire, à la fac de médecine, au labo de recherches, à l'assemblée nationale, à la télé ou à la radio, alors tu peux le retrouver en librairie. Oui il écrit et dénonce tous les médocs qui ne servent à rien. Il ne fait que répéter ce que des petits médecins de merde essaient de dire depuis 10 ans, mais tu vois bien, comme c'est le petit fils de, le fils de, le frère de, le chirurgien de, le professeur de, évidemment on l'écoute et on le lit plus que l'autre con. Bon tu vois on peut en raconter sur les médecins ministres. Ils ne semblent ni mieux ni pire que les autres. Alors passons aux députés de l'assemblée maintenant, eux au moins ils sont plus crédibles, ils sont élus au moins. On a une trentaine de députés médecins, autant de droite que de gauche, des femmes comme des hommes, mais 2/3 de spécialistes. Parmi les plus connus, on retrouve le Dr Bernard Accoyer, ORL, ancien Président de l'Assemblée. Ensuite, tu connais peut-être la loi Leonetti sur la fin de vie, son père est le Dr Jean Leonetti, cardiologue, et ancien ministre, encore un que j'ai failli oublier. Il y a encore le Dr Jean-Marie Le Guen (lis bien Le Guen, non ne t'inquiète pas c'est pas l'autre Jean-Marie, à quelques lettres près, c'est vrai que ça peut faire peur, non, déstresse). Lui j'ai bien cru qu'il serait ministre de la santé. Mais non. Encore un ou deux pour la route : le Dr Gérard Bapt, cardiologue. Le Dr Jean-Pierre Door, encore un cardiologue, à croire qu'ils ont le cœur sur la main pour se dévouer ainsi. JP Door est aussi le rapporteur de la mission d'information parlementaire sur le Médiator et la pharmacovigilance. Génial. Sauf que ces deux derniers cardiologues (Bapt et Door) sont également co-présidents du club Hippocrate, un club de réflexions sur les questions de santé financé entre autre par GSK (un grand laboratoire pharmaceutique), alors bonnes réflexions Messieurs les députés docteurs.... et bon appétit....
Tu vois, lorsqu'on est perdu dans ce vaste empire, il suffit d'aller là-haut dans les hautes sphères et d'observer qui sont ces médecins qui nous gouvernent. Alors tu comprends un peu mieux ? Te rassurer est une autre histoire, mais au moins tu comprends. Tu comprends que la victoire de la bataille pour devenir professeur de médecine est un atout pour devenir ministre ou député. Tu constates que la majorité de ces médecins sont spécialistes (un constat pas un reproche), certains sont des incompétents, voire des crapules, d'autres sont payés par des labos pour réfléchir. Oui tu ne peux que comprendre maintenant ce drôle de vaste empire de la santé où se mélangent médecine, argent et pouvoir. Et lorsque notre ministre de la santé n'est pas médecin, qui est-il ? Tu vas voir, cela va t'éclairer un peu plus.
Roselyne Bachelot, tu sais celle qui avait commandé un peu trop de vaccins contre la grippe H1N1. Rosy a été déléguée médicale (pourtant d'habitude c'est des jolies nanas bien foutues, je sais, moi aussi je me suis fait cette réflexion), pharmacienne, puis chargée de relations publiques au sein d'un laboratoire pharmaceutique. En attendant d'être nommée une énième fois ministre si la droite repasse au pouvoir dans 4 ans, elle fait de la télé.
Xavier Bertrand : Xav est un ancien agent d'assurance. Ce fut tout naturel et professionnel pour lui de laisser filer la prise en charge de notre santé vers le privé...
Marisol Touraine : notre actuelle ministre des affaires sociales et de la santé est agrégée de sciences économiques et sociales. Laissons la œuvrer avant de la juger trop vite, mais notons néanmoins qu'en 2009 elle faisait partie du Club Avenir de la santé, un groupe de pression financé lui aussi par GSK, un géant de l'industrie pharmaceutique...  Je sais, encore un truc pas très facile à digérer, mais c'est comme ça mon pauvre. Que veux-tu ? It's life, beautiful life. J'espère ne pas trop t'avoir effrayé, je voulais seulement t'ouvrir un peu les yeux avec cette petite histoire qui n'engage que moi. Maintenant, va les fermer tranquillement pour faire de beaux et doux rêves. Ensuite, je te retrouverai peut-être si ça te dit pour mon manifeste pour un big bang sanitaire.
A+

samedi 6 avril 2013

Lettre à Jérôme (sur une musique de Richard Clayderman)

Jérôme mon cher confrère, j'ai terminé l'écriture de mon roman sur le thème du pouvoir et de la médecine durant la nuit du 6 au 7 mai 2012. J'imagine que cela te rappelle de bons souvenirs, notre actuel Président venait d'être élu.
Jérôme mon cher confrère, je te remercie d'illustrer parfaitement ce que j'écrivais à cette époque.
Jérôme mon cher confrère, ce roman fut classé dans la catégorie "science-fiction", tu le fais devenir de plus en plus un roman d'anticipation.
Jérôme mon cher confrère, je sais bien que tu n'as jamais entendu parler de ce bouquin, c'est bien normal, il est tellement plus important de médiatiser de grands auteurs comme Raymond Domenech ou encore un énième livre sur la vie de Johnny Hallyday.  Mais si tu le souhaites, par confraternité, et pour te faire oublier tes petits soucis actuels, je peux éventuellement t'en adresser un exemplaire avec une petite dédicace personnelle. J'aurais même dû le faire dès sa sortie, ça t'aurait peut-être évité quelques tracas.
Jérôme mon cher confrère, j'écris encore "Mon cher confrère" pendant que je le peux, car d'ici peu, maintenant que notre Président a réglé ton sort de ministre, j'imagine que notre Président de l'Ordre s'occupera à son tour de ton sort de médecin...
Jérôme mon cher confrère, je sais que certains parcours de vie sont parfois difficiles, on commet tous des erreurs, on cache tous de petits secrets, on s'abrite tous derrière de petits mensonges. On peut d'ailleurs parfois en tirer de très bonnes leçons. Mais toi Jérôme, je dois bien admettre que tu as fait fort. Tu as même fait très fort. Premièrement tu as sali le Président qui n'était au courant de rien. Lui, je le crois, il ne ment pas. Comme tous ses prédécesseurs, un Président n'est jamais un menteur à partir du moment où l'on a compris que les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent. Ensuite Jérôme, tu as sali tout un gouvernement qui n'avait nullement besoin de cela en ces temps si difficiles, voyons Jérôme. J'ose espérer qu'à ce sujet, ce ne sont pas tes vieux amis d'extrême droite qui t'ont incité à torpiller le navire Ayrault. Enfin Jérôme, tu as également sali et jeté le discrédit sur tout le corps médical. Franchement du grand art Jérôme.
Finalement, je me dois tout de même de te remercier Jérôme. Un grand merci à toi camarade J.C qui nous démontre en cette triste période que notre démocratie ne fonctionne pas si mal que ça. Ceux passés avant toi et qui ont fait pareil voire pire que toi doivent être bien soulagés d'être passés entre les mailles du filet. Mais ceux qui viendront après auront-ils vraiment compris ? Ce qui me chiffonne un peu Jérôme, voire me fait un peu de peine, c'est que toi manifestement tu n'as rien compris puisqu'il paraîtrait que tu souhaites reprendre ton siège de député à l'Assemblée Nationale. Bref, c'est à toi de voir, tu es un grand garçon, majeur et vacciné Jérôme. Sacré Jérôme, je ne sais pas si t'as bien fait d'attendre le 2 avril pour dévoiler tout ça, un jour plus tôt, personne ne t'aurait cru, et on aurait bien rigolé.  Bon, il est temps pour moi de te laisser Jérôme, alors bon vent. Tu peux toujours t'arracher les cheveux, tu sais où t'adresser pour te les faire greffer.
PS : quand tu auras un peu de temps, n'oublie pas de relire le sermon d'hypocrites.
Un confrère
 
Avant de publier ce billet, on m'a demandé si je n'avais pas peur d'être inquiété. Il faudrait d'abord que Jérôme C. tombe sur ce blog, ce qui est peu probable, et qu'il se reconnaisse, ce qui est plus envisageable. Mais surtout, inquiété de quoi ? De m'insurger avec humour et dérision sur ces pratiques scandaleuses mêlant médecine, argent et politique ? Non, ce qui m'inquiète véritablement, ce sont ces hommes et femmes qui profitent de leur statut pour berner le peuple, du citoyen lambda jusqu'à la plus haute personnalité de l'Etat. Car le cas de J.C est-il isolé ? Cela fait un moment que je mijote un billet sur "Ces médecins qui nous gouvernent ?". C'est décidé, ce sera mon prochain billet, et il sera suivi de "Mon manifeste pour un big bang sanitaire".
A bientôt 
 
 

mercredi 3 avril 2013

Suicide du médecin de Koh-Lanta, un arbre qui cache la forêt ?


Le 1er avril 2013, le Dr Thierry Costa a mis fin à ses jours, une dizaine de jours après la mort d'un candidat de la célèbre émission. Ce sont deux familles brutalement percutées par les drames de la vie. Courage à elles.
Concernant le décès de ce candidat, rappelons que des jeunes gens meurent régulièrement de façon soudaine sur les terrains de sport sans qu'aucun médecin n'ait pu déceler la moindre anomalie auparavant. Et cela se voit même chez de grands sportifs professionnels surveillés sur toutes les coutures. Les médecins ne sont que des médecins, pas des devins.
Quant au suicide de ce médecin, son statut fait que l'affaire a logiquement été médiatisée. Comment pourrait-il en être autrement dans notre société ? D'autant plus avec la chaîne de télévision concernée, et la société de production concernée... Cela permet au moins de rappeler ou de faire savoir que le suicide des médecins n'est pas une rareté bien au contraire. Le taux de suicide chez les médecins est par exemple deux fois plus élevé que chez les agents de France Télécom... Dans la population générale âgée de 30 à 65 ans, ce taux est de 6 % alors qu'il atteint 14 % chez les médecins. Les médecins ne sont pas seulement ces gens qui s'enrichissent sur la maladie et le malheur des uns et des autres. Les médecins ne sont pas seulement ces honteux personnages qui réclament toujours plus de dépassements d'honoraires. Ce sont aussi des personnes qui souffrent en rentrant chez elles le soir en pensant à leurs patients qu'elles n'ont pas réussi à sauver, au diagnostic auquel elles n'ont pas pensé, ou pensé trop tardivement. Ce sont pour certains d'entre eux en rentrant le soir à la maison des hommes et des femmes qui fument, boivent, prennent des somnifères, des anxiolytiques, des antidépresseurs, souffrent de burn out, voire se suicident, et cela plus souvent que dans la population générale. Alors avec les 300 € que chaque médecin verse annuellement au Conseil de l'Ordre, ne serait-il pas possible de leur offrir une petite consultation de médecine préventive, une consultation auprès d'un autre soignant ou d'un confrère histoire de leur rappeler que ce sont des hommes et des femmes avec leurs qualités, et leurs faiblesses, qu'ils ont droit d'être patient avant d'être médecin, et qu'enfin, certains ont besoin d'aide avant qu'il ne soit trop tard ? Même s'ils sont conscients de leurs difficultés, comme beaucoup, ils ont besoin qu'on leur annonce et qu'on leur tende la main, ni plus, mais ni moins que tout un chacun.
C'est ce que je pense.